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Libération
Éditorial

Supermarché

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publié le 8 novembre 2003 à 1h47

Bien sûr, il faut vilipender les parents d'élève zappeurs. Ceux qui confondent l'école avec un supermarché, le savoir avec un produit de consommation courante et soumettent les diffuseurs à des tests comparatifs. Bien sûr, on peut siffler ces classes moyennes obsédées par le succès de leur progéniture et qui ne jurent que par le taux de réussite des établissements. On doit plaindre ceux qui ont oublié que la République est une conquête, la religion une croyance et qui, nonobstant la nature de l'une et de l'autre, choisissent indifféremment école publique ou confessionnelle. On peut encore reprocher leur individualisme, leur égoïsme à ceux qui ajoutent à la ségrégation sociale en manquant aux règles de la carte scolaire. Tout cela est juste mais ce n'est pas en culpabilisant les parents que l'on réduira ces pratiques. S'il y a de plus en plus de fraude à la sectorisation, de plus en plus de passage du public au privé en primaire et au collège, c'est que davantage d'usagers de l'école sont convaincus qu'il n'y a pas d'autre voie aujourd'hui pour trouver la réussite. C'est d'ailleurs l'avis du ministre de l'Education dont les enfants sont à l'école catholique. L'inflation de ces pratiques accentue la mise en cause du public qui ne parvient plus à transcender les différences sociales par la diffusion du savoir. Le procès n'est pas neuf mais les charges s'accumulent. Normal. L'institution scolaire seule ne peut lutter contre l'apartheid créé par les loyers. Il y a de plus en plus