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Libération
Éditorial

Contradiction

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publié le 10 novembre 2003 à 1h48

On voit bien ce qui fascine les partis politiques dans le mouvement altermondialiste, et ce qui leur fait faire devant lui des courbettes de courtisans. Victimes d'une crise existentielle encore aggravée par le déplacement pervers du vote protestataire sur Le Pen, ils assistent, un peu médusés, à l'effervescence spectaculaire d'un univers militant nouveau et atypique, hors parti et sans frontière. Qui, de manif en forum et de Seattle à Florence en passant par le Larzac, draine des foules impressionnantes. Et déploie une générosité et un enthousiasme dont le manque a précisément provoqué la désaffection pour les partis traditionnels. Beaucoup de militants «alter» sont des déçus de toute la gauche, socialistes, communistes, verts, extrême gauche, et leur déception a contribué à créer cet espace politique inconnu il y a dix ans, à la fois radical et festif, idéaliste et en prise avec le réel, à travers le tissu associatif qui le constitue. En quelques années, grâce à une habile et moderne stratégie, alternant réseaux et rassemblements, les altermondialistes ont imposé à l'ensemble de la classe politique occidentale leurs thèmes et leurs griefs. Au point de les voir menacés aujourd'hui d'une crise de croissance, à l'image d'Attac, l'association-phare de la mouvance, dont l'éthique politique ne semble pas toujours échapper aux tics de la rhétorique, du dogmatisme et du manque de démocratie interne. A l'inverse, si nombre des militants ne sont pas nés de la dernière pluie, le risq