George W. Bush, pour défendre sa politique contestée en Irak, a adopté la rhétorique des «néoconservateurs» qui font du Moyen-Orient le champ privilégié d'une «révolution démocratique globale». La dictature irakienne balayée, l'onde de choc de la démocratisation devrait gagner tous les pays de la région et submerger les forces du terrorisme qui y prospèrent. Le problème de ce scénario d'extension du champ de la démocratie est qu'il ne se déroule pas vraiment comme prévu. L'Afghanistan est toujours instable. Israéliens et Palestiniens restent dans une impasse sanglante. La guérilla en Irak est de plus en plus meurtrière. Une vague d'attentats-suicides et d'affrontements entre forces de l'ordre et partisans d'Al-Qaeda secoue l'Arabie Saoudite. Les appels au «jihad» de Ben Laden contre l'Occident et ses alliés régionaux ont été galvanisés par l'occupation de l'Irak. Le royaume saoudien, après avoir servi d'incubateur à ce terrorisme islamiste nourri d'intégrisme wahhabite, est entré, sous la pression, en lutte contre les émules de Ben Laden. L'opposition à l'immobilisme et à la corruption de la dynastie des Saoud s'y accroît. Le risque existe de voir renverser les princes et, avec eux, menacer l'or noir, qui fonde leur pacte avec l'Occident. Bush risque donc de devoir choisir entre le pétrole de ses alliés saoudiens et sa foi dans la «révolution démocratique». La région tout entière devient un champ de bataille, et la victoire américaine est loin d'y être assurée. Une défaite,
Éditorial
Révolutions
Article réservé aux abonnés
par Patrick Sabatier
publié le 10 novembre 2003 à 1h48
Dans la même rubrique