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Libération

Dis maman, pourquoi tu fumes ?

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Les campagnes antitabac utilisent les enfants pour culpabiliser les parents.
publié le 15 novembre 2003 à 1h54

Avant, c'était écrit en petit avec des mots compliqués. «Fumer provoque des maladies cardiovasculaires». Là, c'est énorme. «Fumer tue». Dès le milieu du CP, ils savent lire et commencent à comprendre que la mort n'est pas qu'un long sommeil. «Maman, ça veut dire que tu vas mourir !» Huit ans, et elle se met à pleurer. «Ça fout les boules et ça gâche la cigarette.» Très exceptionnellement, le jour de ses 39 ans, Marie, qui ne fume qu'au travail, en a allumé une en famille. Juste allumé. «Les yeux de ma fille se sont emplis de larmes. J'ai écrasé la cigarette sans rien dire.»

Avant le mois d'octobre, une autre enfant, 8 ans également, parlait de son angoisse d'être pauvre quand elle serait grande. Maintenant, elle a peur «d'être grosse, de fumer et de boire», quand elle sera grande. Sa mère ­ un paquet par jour ­ a pris l'habitude de retourner son paquet sur la face soft : «Votre médecin ou votre pharmacien peuvent vous aider à arrêter de fumer.» Le mal est fait : «Plus une seule cigarette sans que je ne songe à ma mort. Ça ne me fait pas arrêter, ça me déprime.»

Dégénérées. C'est une tabacologue, Marianne Benhamou, qui le dit : «La cigarette n'a plus du tout son côté érotique et séducteur d'il y a vingt ans. Main tenant, ça fait deuxième zone. Ce sont les classes défavorisées et les pays sous-développés qui fument.» Et les mères dégénérées. «En quelques semaines, j'ai senti le regard des gens se transformer. En voiture, ils passent de ma clope au siège bébé et j'ai honte.» Elle