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Libération
Portrait

L'ascension d'un musulman européen

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En dix ans, Ramadan, citoyen suisse, a réussi à devenir la référence de l'islam en France.
publié le 15 novembre 2003 à 1h53

Tariq Ramadan superstar. Une décennie de patient travail, de conférences en banlieue, de débats télévisés avec l'intelligentsia parisienne et de voyages un peu partout sur la planète ont fini par payer. Qu'il fasse peur ou qu'il fascine, il s'est enfin imposé au centre de l'islam européen. Suprême honneur : Ramadan a été invité à venir donner la contradiction à Sarkozy dans la prochaine édition de 100 minutes pour convaincre. Lui, simple citoyen helvète, professeur de philosophie dans l'équivalent d'un collège, est devenu la référence de l'islam français, le baromètre par rapport auquel tout le monde se situe.

Innovation. Pourtant, Tariq Ramadan n'est même pas ouléma, un théologien : il n'a pas les qualifications pour cela et ne revendique d'ailleurs pas ce titre. L'islam qu'il défend est tout ce qu'il y a de plus «littéral». Loin de ses audaces politiques lorsqu'il s'agit de tisser des liens avec les altermondialistes, Ramadan ne s'autorise aucune innovation en matière de dogme. Le voile ? C'est une «prescription de l'islam», certes «fondée sur la liberté», mais on reste, à ses yeux, meilleure musulmane avec que sans. Les châtiments corporels ? «Je propose un moratoire illimité.» Un moratoire, pas une suppression.

Penseur ou philosophe, comme il aime à se présenter, Ramadan est un clerc, un redoutable débatteur ­ on l'a vu récemment clouer le bec de Claude Askolovitch du Nouvel Obs chez Ardisson ­ plus doué à l'oral qu'à l'écrit. En cela, il ressemble fort à son père Saïd, ge

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