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Libération
Éditorial

Sur la faim

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publié le 15 novembre 2003 à 1h55

A l'extrême gauche, plaisante-t-on, tout commence par une AG et finit par une manif. Le FSE ne sera pas en reste qui, après avoir brassé nombre d'idées dans des salles surpeuplées, se terminera en beauté samedi après-midi sur l'asphalte parisien. Dans une Europe où les mobilisations politiques ont du mal à exister, l'altermondialisme a montré une nouvelle fois qu'il disposait d'un public nombreux et enthousiaste, ainsi que d'un capital d'énergies intact. Cela n'en rend que plus inévitable la question : quels projets pourront développer ces forces disponibles et comment ? Beaucoup de ceux qui attendaient de cette concentration parisienne un éclaircissement sur ces points resteront sur leur faim.

Ce mouvement est assez jeune pour qu'on ne puisse pas attendre de lui un programme bien bichonné et des attendus dûment affûtés. On peut pourtant en espérer autre chose que, comme c'est parfois le cas, des généralités tirées du pot commun d'un marxisme qui n'ose plus s'afficher à visage découvert. L'anti-néolibéralisme peut devenir un exorcisme pratique à l'égard de la réalité et de ses contradictions sans contribuer, pour les affronter, à l'invention des nouvelles formes de démocratie nécessaires.

L'écart entre les promesses des sociétés modernes et leurs réalités quotidiennes fournit un flux continu de rebelles qu'une panne durable empêche les partis de gauche d'écluser. L'originalité du mouvement altermondialiste, c'est de leur proposer une relation inédite entre les divers secteurs