Voilà un mouvement qui, s'il devait s'étendre, promet un inextricable dialogue de sourds entre étudiants et gouvernants (le pluriel s'impose : les réformes dénoncées sont portées par la droite, mais ont été initiées par la gauche). En témoigne un schéma récupéré avant-hier sur les tables de l'Unef à Nanterre. Il prétend démontrer que l'instauration du LMD (en cours) et l'octroi d'une autonomie plus importante aux universités (elles en ont déjà) auront pour «conséquence mécanique» la «mise en concurrence des universités». L'enchaînement serait le suivant : «L'introduction de la notion d'attractivité dans l'offre des diplômes» conduirait à leur «mise en concurrence», puis à la «concentration des énergies (notamment financières) sur les diplômes à plus forte rentabilité». Laquelle aboutirait notamment à la «spécialisation des universités pluridisciplinaires», au développement de filières «poubelles» et de filières «d'élite», et à «la chute des inscriptions vers les filières les moins rentables».
La mécanique décrite est parfaitement exacte. Elle est d'ailleurs à l'oeuvre depuis belle lurette non tant dans les universités que dans l'ensemble de l'enseignement supérieur. La concurrence entre filières postbac bat son plein : 40 % des bacheliers s'inscrivent dans des filières sélectives (classes préparatoires, BTS, IUT, médecine, écoles de commerce et d'ingénieur postbac, etc.).
Emousser. Les «énergies financières» sont déjà «concentrées» sur les filières les plus recherchées : l'Eta