Les attentats d'Istanbul visent l'Europe. Le constat ne se fonde pas sur le seul fait qu'Al-Qaeda et ses alliés ont frappé pour la première fois sur la rive européenne du Bosphore. En visant des cibles britanniques, après avoir attaqué des synagogues, Oussama ben Laden, dont ces crimes portent la signature, suit la logique implacable de la guerre raciale et religieuse qu'il a déclarée «aux juifs et aux croisés». L'offensive du ramadan, menée à coups de voitures piégées à Riyad, à Nasiriya et à Istanbul, démontre que son internationale islamo-terroriste conserve la capacité de coordonner des attentats qui, s'ils sont aveugles dans le carnage, sont très calibrés dans la symbolique.
Il a frappé Blair au moment même où celui-ci recevait Bush, et le Royaume-Uni en même temps que la Turquie après l'Arabie Saoudite et l'Italie, soit des Etats de la coalition qu'il avait promis de punir pour leur rôle en Irak. Mais en frappant en Turquie, il s'attaque aussi à une démocratie laïque (aussi imparfaite soit-elle) qui est notre alliée au sein de l'Otan, et que gouvernent des musulmans qui se proclament démocrates et aspirent à adhérer à l'Union européenne. Bref, un pays qui se réclame de valeurs qui sont les nôtres, et que le fanatisme islamique abhorre d'autant plus que s'y ajoute le «crime», intolérable à ses yeux, d'abriter des juifs et de défendre le droit à l'existence d'Israël, en dépit des critiques contre sa politique.
Quelles que soient les différences entre Français et Allemands