C'est un pavé de 282 pages. Rédigé en mai par le parquet de Californie, il reprend (sous la forme d'un statement of facts, «rappel des faits») tous les éléments à charge recensés par la justice américaine contre le Crédit Lyonnais dans l'affaire Executive Life. Pour éteindre cet incendie judiciaire, l'Etat français va peut-être devoir verser plusieurs centaines de millions de dollars (lire ci-dessous). A éplucher ce rapport, dont Libération s'est procuré une copie, on comprend pourquoi mieux vaudrait payer tout de suite que d'être jugé demain : truffé de documents ultraconfidentiels récupérés au cours de l'enquête, il détaille la mise en place minutieuse d'un gigantesque mensonge. En matière de business, les Américains en ont pourtant vu d'autres ; mais ils ne rigolent pas avec la notion de parjure.
Le portage, péché originel
L'affaire est toute bête. Selon la législation américaine, une banque n'a pas le droit de racheter une compagnie d'assurances. Surtout, s'il s'agit d'une banque étrangère et nationalisée. En 1991-1992, le Crédit Lyonnais, via sa filiale Altus, veut pourtant mettre la main sur Executive Life. Elle est en faillite, mais possède un portefeuille financier prometteur, un futur jackpot pour ceux qui ont le nez creux, comme Jean-François Hénin, dirigeant d'Altus, qui a piloté la reprise. Pour contourner la législation américaine, il met en place un «portage» : des faux nez, financés par la banque, vont racheter Executive Life à sa place et pour son compte. Le pr