L'entourage de François Pinault aime à raconter cette histoire. Celle d'un investisseur ayant eu l'audace de reprendre personnellement le portefeuille d'obligations risquées (junk bonds) d'Executive Life au Crédit Lyonnais. Sa colossale plus-value finale ne serait que la juste récompense d'un pari risqué. La vérité est moins romanesque : Pinault n'a pris aucun risque, ce qui ne l'a pas empêché de rafler la mise. Même si l'on reproche aujourd'hui à son entourage de fausses déclarations.
On savait déjà que son holding, Artémis, n'avait pas investi un centime dans l'affaire : les deux milliards de dollars de la reprise ont été intégralement prêtés par le Lyonnais. On savait également que la banque n'était pas en mesure d'exiger le remboursement : étant actionnaire incontournable de la nébuleuse Pinault, c'eût été se tirer une balle dans le pied. On ignorait, en revanche, et le parquet de Californie l'a révélé, que, pour couronner le tout, le Lyonnais lui avait accordé une garantie en béton : Altus (filiale du Lyonnais qui gérait les junk bonds), «agissant de bonne foi, compensera toute dépréciation du portefeuille». Autrement dit, les pertes potentielles sont pour le banquier, les gains éventuels pour Pinault. C'est acté dans le fameux protocole d'accord de décembre 1992, réécrit et antidaté dans des conditions abracadabrantes. Mieux, le Lyonnais, sous la plume de son président Jean-Yves Haberer, s'est engagé, le 23 mai 1993, à couvrir Pinault contre tout risque judiciaire : «Al