Menu
Libération
Éditorial

Double camouflage.

Article réservé aux abonnés
publié le 29 novembre 2003 à 2h06

Dopé à l'audience de sa dernière prestation télé, Nicolas Sarkozy, l'homme qui n'y pense «pas qu'en se rasant», explose depuis une semaine tous les radars chargés de flasher les postulants trop pressés à la présidentielle. «Kill Bill» est son mot d'ordre qui l'amène à dézinguer tous les «Bill» qui prétendraient l'empêcher d'être candidat à l'Elysée dans quatre ans. Jusqu'au président dont les pavillons, appareillés ou non, frémissent quand en guise de cadeau d'anniversaire ­ 71 printemps, ce samedi ­, il reçoit un conseil : ne rempile pas pour un troisième mandat.

Et puis, voilà que vendredi, notre hâtif se rapproche soudain de son meilleur ennemi. Qui l'eut cru ? Opposé depuis des semaines à une loi pour interdire le port des signes religieux à l'école pour ne pas se mettre mal avec le culte musulman qu'il a organisé, le ministre de l'Intérieur entend, au final, les arguments d'Alain Juppé qui, lui, en veut une. Sarkozy admet ainsi que tout populaire qu'il soit, il ne peut aller contre son parti, contre le Président et la majorité de l'opinion. Les trois jugent aujourd'hui que les intégrismes religieux menacent la République et qu'une «disposition législative» est le meilleur moyen de les contenir. Jacques Chirac le confirmera sitôt remis le tardif rapport Stasi sur la laïcité . Cela suffira-t-il à rendre force à la République et à sa capacité à intégrer ? Rien n'est moins sûr. Interdire le voile à l'école dissimulera l'effet, pas la cause de ce qui nourrit aujourd'hui les r