Jérusalem de notre correspondant
Qui est le véritable Sharon ? Sait-il seulement où il va, où il mène son peuple ? Ou n'est-il «capable de dire qu'une chose et son contraire», comme le fustigent bon nombre d'analystes ? Le Premier ministre d'Israël s'est vu contraint de sortir, ces derniers jours, de son hibernation politique par la salve d'initiatives de paix, dont la plus significative est celle des accords de Genève, lancés aujourd'hui dans la ville qui leur a donné son nom et offert son soutien. «Dangereux et nuisibles», a-t-il tranché.
Double crainte. Pour Uri Dan, qui garde un souvenir ému des actions nocturnes de représailles contre les fedayins palestiniens en territoire jordanien, pendant les années 1950, Ariel Sharon demeure ce «navigateur hors pair», qui savait se diriger aux étoiles ou à l'instinct... Mais le journaliste et écrivain de la droite israélienne, qui parle de «Sharon le Lion, comme votre Clemenceau le Tigre», avec des paillettes dans les yeux, est sans doute le seul à lui conserver son admiration éperdue. Partout ailleurs, y compris au sein de son parti, le Likoud, les critiques sont de moins en moins feutrées. Sommé de se prononcer, alors que son «immobilisme» et sa tendance à «faire le dos rond» devant les échéances sont dénoncés dans la presse, Ariel Sharon redoute par-dessus tout deux choses : les pressions américaines et la faille de la détermination sécuritaire d'Israël. D'où son annonce de mesures unilatérales pour sortir du statu quo.
En effet, l