L'épidémie de sida, si sa virulence a donné raison aux sombres prophètes qui ont les premiers secoué l'inertie des politiques, comporte aussi un volet plus lumineux. La manière dont les patients se sont imposés comme partenaires de la gestion de la maladie fera date dans l'histoire de la médecine. Cette dernière a, par ailleurs, su trouver des réponses techniques efficaces, même si le Graal d'un vaccin adéquat lui échappe toujours. Et le sort affreux des pays du tiers-monde gagnés par l'infection laisse paraître des pans d'espoir entre deux nuages. Des expériences menées sur le terrain ont fourni la preuve que pauvreté ne signifiait pas nécessairement impuissance face à la maladie.
Ainsi, le plan d'envergure lancé par l'OMS peut-il soit être jugé dramatiquement insuffisant, puisque même en cas de réussite seule une minorité de malades sera traitée, soit loué comme le vrai départ d'une action répondant à l'ampleur du défi. La réussite de ce plan dépend pourtant de financements qui ne sont pas garantis. A charge donc pour les opinions, aiguillonnées par les groupes spécialisés, de contrôler leurs gouvernements et de les rappeler à leurs devoirs.
Les pays riches ont témoigné de beaucoup trop d'indifférence envers l'expansion du sida une fois acquise sa stagnation à domicile. Ils ont commencé à changer non pas pour des raisons altruistes mais quand ils ont dû admettre que la propagation massive du sida était périlleuse pour leur propre sécurité. Comme la lutte antisida met au jour