Canton envoyé spécial
En Europe, il serait sans doute sur les plateaux de télévision à défendre la cause des victimes du VIH. En Chine, il s'abrite derrière un pseudonyme occidental Thomas et refuse de laisser publier son visage. C'est, aux yeux de ce Chinois de 36 ans, malade du sida, le prix à payer pour pouvoir mener une action en profondeur, à la fois en direction des autres contaminés, mais surtout de la société chinoise qui reste discriminatoire envers les malades. Tout ce qu'il exprime, Thomas l'a vécu dans sa chair. Et s'il est là aujourd'hui pour témoigner, souriant et détendu dans le salon d'un grand hôtel de Canton, il revient de loin : l'été dernier, Thomas était à l'article de la mort, ayant besoin urgemment d'une intervention chirurgicale pour un abcès. Mais il s'est heurté au mur de l'ignorance, de la peur et de l'irresponsabilité médicale : pas un chirurgien chinois n'était prêt à opérer un malade du sida.
Thomas n'a dû son salut qu'à l'action d'un réseau d'influence et d'amitié qu'il s'est constitué au travers de son militantisme antisida. Par des amis étrangers, son problème est remonté à Pékin, pour arriver sur le bureau de Wu Yi, la ministre de la Santé et membre du Bureau politique du parti communiste. Celle-ci a débloqué de manière autoritaire la situation : Thomas a été admis dans un hôpital et a été sauvé. Combien d'autres malades ont la possibilité, comme lui, d'activer une chaîne qui remonte jusqu'au Bureau politique ?
Tabou. «Je ne suis pas le pre