Ce sont des «gars de Grigny 2», comme ils disent pour désigner leur cité de l'Essonne. Samedi après-midi, ils rappent sur la scène du centre culturel Sydney-Bechet un petit bout de leur vision du monde, perçu depuis leur banlieue à une trentaine de kilomètres au sud de Paris : «Un monde de fous, un monde où l'on s'en fout, un monde où c'est chacun pour sa peau.»
Leurs mots déboulent rugueux en préambule à la première Journée des réussites grignoises. L'intitulé est aussi sage qu'un goûter de dames patronnesses. Une main appliquée achève de remplir les diplômes de «citoyen d'honneur de la ville de Grigny» qui vont être remis à une trentaine de lauréats récompensés pour leur réussite scolaire, professionnelle ou sportive. «C'est quoi un bachelor ?», demande un garçon. «Une licence américaine», assure une jeune femme. Le maire communiste Claude Vazquez a préparé un bref discours sur un papier plié en quatre ; il y a du soda et des chips que les plus petits voudraient bâfrer avant l'ouverture des agapes. Sur la scène, «Pierrot» promène sa silhouette d'ancien pilier de rugby à XIII en décernant les diplômes. «Quand on veut, on peut», répète-t-il. Les jeunes venus en nombre applaudissent Mélanie qui a décroché son BEP de secrétariat, Fidèle qui a réussi sa licence d'informatique ou encore Alioune, titulaire d'un DESS de droit international qui achève sa formation d'avocat.
«Valeurs». Pour aboutir à cet après-midi aussi délicieusement foutraque que sincère, il a fallu «du travail», i