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Libération
Éditorial

Exigences

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publié le 3 décembre 2003 à 2h10

Dans le grand mécanisme de la production, la manufacture ou le transport des produits chimiques, qui sont un maillon faible intrinsèquement dangereux, justifient une réglementation sourcilleuse. De là, la tentation pour les multinationales de se libérer de ces contraintes et d'aller produire là où la pauvreté est un prétexte au laxisme (ce qui n'a pas empêché AZF-Toulouse).

Presque vingt ans après Bhopal, beaucoup de choses ont changé. Les multinationales ont appris à mieux sous-traiter les risques, et les pays émergents d'Asie rattrapent à grands pas leur retard en fait de capitalisme industriel. Il ne suffit plus de clouer au pilori quelques patrons voyous pour espérer régler un des plus lourds problèmes qui soient : le rapport entre le développement et l'environnement. De façon parfois explicite, les dirigeants de ces pays en surcroissance revendiquent une sorte de droit moral à la pollution, revanche d'une longue inégalité. Et ils savent pouvoir compter sur une main-d'oeuvre trop alléchée par les bienfaits du progrès pour se soucier beaucoup de ses dégâts et de ses risques.

Contre cela, on peut essayer d'imposer des règles internationales inégales, tel le protocole de Kyoto qui entérine une différence de traitement entre les pays riches et les autres. Mais pour que ceux-ci adoptent plus vite les normes souhaitables, rien ne peut remplacer les exigences des premiers concernés : les Indiens (ou les Chinois, ou les Brésiliens) de base. Divers signaux montrent que les choses s