«Speedy» a encore mis le feu aux poudres. En répétant le 20 novembre, lors de l'émission 100 Minutes pour convaincre, sur France 2, son intention de nommer «un préfet musulman», Nicolas Sarkozy a déclenché un débat d'ampleur inédite sur la «discrimination positive», sujet souvent évoqué, mais jamais vraiment débattu sur le fond en France. Opération calculée d'un futur candidat à l'Elysée qui veut à toute force rester au centre du débat politique et souhaite gommer les effets d'une politique de sécurité très «droitière», la déclaration du ministre de l'Intérieur a pourtant un mérite : jeter une lumière crue sur l'intérêt grandissant que suscitent chez des acteurs venus de tous les horizons des formes d'intégration alternatives au modèle républicain traditionnel, très égalitaire, mais pas infaillible.
Le choc. Nicolas Sarkozy est un professionnel de la politique. Avec son «préfet musulman» et non issu de l'immigration agité comme un slogan, il voulait créer un choc. Pari gagné. «Je suis absolument opposé à cette idée, comme je suis opposé à toute forme de discrimination positive, s'insurge Nicolas Baverez, auteur de l'essai politique le plus commenté de la rentrée, la France qui tombe. Un préfet n'a pas à être d'une quelconque religion, car il représente l'Etat.» De droite comme de gauche, intellectuels, responsables associatifs et élus jugent que la nomination d'un préfet en fonction de sa religion est incompatible avec les valeurs républicaines d'égalité entre tous les ci