Menu
Libération
Éditorial

Comédie

Article réservé aux abonnés
publié le 5 décembre 2003 à 2h12

Le chômage a refait son apparition en tête des préoccupations des Français, telles que les comptabilisent les sondeurs. Une immense majorité des interrogés doute de l'efficacité du gouvernement en fait d'emploi et ce grief explique à lui seul que Raffarin vienne de franchir à la baisse le seuil symbolique des 30 % de «satisfaits». Un taux élevé de chômage constitue le «mal français» par excellence ­ depuis une vingtaine d'années, il fluctue autour des10 %. Sa décrue de la fin des années 1990 est terminée depuis longtemps puisqu'il est reparti à la hausse dès l'été 2001. Le Premier ministre ne peut donc prétendre avoir été surpris par cette évolution.

Ce sujet a donné l'occasion d'une comédie des erreurs entre le gouvernement et les citoyens. Le premier prétend retrouver la «valeur du travail» ; beaucoup des seconds se contenteraient bien de retrouver du travail tout court. Le mot d'ordre gouvernemental opère un glissement sémantique qui permet de minorer la question de l'emploi, au risque de laisser à la gauche un monopole de l'usage du mot. En fait, Raffarin s'en est remis, pour traiter le problème, à la reprise économique et celle-ci lui a fait faux bond. Quant à celle qui devrait se produire l'an prochain, selon de bons prévisionnistes, elle devrait être «pauvre en emplois», comme le dit une formule désormais banalisée.

Pourtant, si la France connaît un chômage systématiquement plus élevé que celui de la moyenne de ses partenaires, ce n'est pas par un décret intangible des