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Libération

Pour le Kremlin, la Douma file doux

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La majorité des députés vote selon les consignes du gouvernement, certains se font payer.
publié le 6 décembre 2003 à 2h13

Moscou envoyée spéciale

«Za... za... !» («On est pour, on est pour !»). En plein hémicycle de la Douma, la Chambre basse du Parlement russe, les cris fusent comme à la foire. En cette matinée de session ordinaire, juste avant les élections, la grande salle jaune au chic encore très soviétique est presque vide. Une soixantaine de députés se sont répartis les travées prévues pour 450 élus. Debout, près de leurs rangées de sièges vides, ils bavardent, téléphonent ou se promènent, en attendant de foncer pour appuyer sur les boutons de vote de leurs camarades absents. A la tribune, un rapporteur vient justement de présenter un nouveau texte, le dixième ou vingtième abordé ce matin. «Chers collègues, avez-vous des questions ?» s'enquiert-il. «Non !» crie un député. «On est pour !» lance un autre. «Za, za !» reprennent les autres en choeur, donnant le départ d'une furieuse cavalcade. A chaque vote, les députés ont vingt secondes chrono pour courir voter à la place d'une quinzaine de leurs camarades absents. «Allez plus vite, faut courir plus vite !» s'interpellent les élus, délurés par ces galopades. Au collègue qui n'a pas réussi en vingt secondes à faire voter tout son contingent de députés, on lance : «Dis donc, t'es plus assez jeune !» Peu importe ce matin, tous les textes voulus par le Kremlin sont adoptés, avec des scores variant entre 55 et 75 % des voix, qui dépendent en partie de la rapidité du jeu de jambes des élus présents.

Mise au pas. Cette troisième Douma russe, dont l