Menu
Libération
Interview

«Une transition vers un terrorisme caucasien islamiste»

Article réservé aux abonnés
publié le 6 décembre 2003 à 2h13

De passage récemment à Paris, Aleksei Malachenko, spécialiste de la Tchétchénie au centre Carnegie de Moscou, analyse les spécificités de la lutte tchétchène et son glissement d'une rébellion contre Moscou pour obtenir l'indépendance vers des actions terroristes.

Comment le séparatisme tchétchène évolue-t-il ?

Au départ, il s'agissait d'un mouvement séparatiste classique, ethnique et tchétchène, avec des dérapages terroristes un peu à la basque. C'était un mouvement athéiste, sans lien avec l'islam. Sans vouloir exagérer la composante religieuse, je crains que nous soyons dans une transition vers un terrorisme caucasien islamiste.

A quand remonte le basculement ?

Au milieu des années 90, lorsqu'une partie de l'élite politique de Tchétchénie a déclaré vouloir instaurer un Etat islamique. La majorité des gens était pourtant contre. Mais l'idée a été soutenue par l'Arabie Saoudite et des ONG islamiques ont commencé à aider la Tchétchénie. Quand il est devenu clair que le projet d'un Etat islamique indépendant avait échoué, le terrorisme est apparu, comme une réaction à l'impossibilité de trouver une solution avec les Russes et comme une vengeance pour les morts tchétchènes. Des liens se sont noués avec le terrorisme international. Mais je ne parlerais pas d'un terrorisme proprement tchétchène, plutôt d'un terrorisme islamiste du Caucase du Nord, en fait de petits groupes dispersés de cinq, six, dix personnes.

Mais si Moscou faisait des gestes, il serait facile d'extirper les racines