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Libération
Éditorial

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publié le 8 décembre 2003 à 2h14

La Russie avait un pouvoir présidentiel à poigne, elle a en plus désormais un pouvoir parlementaire à la botte. Ce que la Douma pouvait encore ­ timidement ­ incarner d'ouverture pour une opposition politique sera encore réduit au profit du parti de Vladimir Poutine, qui a surfé sur une vague de national-populisme tenant lieu d'exutoire aux angoisses du moment.

Il n'y a pas eu de campagne électorale mais des mois de propagande de Russie unie, qui a mobilisé en sa faveur tous les moyens de l'Etat, accaparé les médias, refusé toute confrontation programmatique, discrédité ­ quand ce n'est pas invalidé, grâce à une justice aux ordres ­ des candidats gênants. Depuis l'ère Brejnev, il n'y avait pas eu autant de pouvoirs aux mains d'un seul homme.

Pourtant, il serait rapide d'en déduire qu'il est à nouveau «minuit dans le siècle», pour paraphraser Victor Serge parlant du stalinisme au siècle précédent. La Russie de Poutine n'est plus celle de Nicolas II, de Lénine ou même de Gorbatchev, mais un pays ébranlé par une révolution démocratique, imbriqué dans une mondialisation qui est autant celle des échanges commerciaux que des idées, et constitué d'une population largement éduquée. Il y a une société civile russe qui existe et se développe en dépit de la glaciation politique en cours. Ce que les élections russes d'hier rappellent c'est que la démocratisation n'est ni irréversible ni irrésistible et pas davantage une affaire de Constitution (ou d'invasion militaire). Elle est aussi aff