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Libération
Interview

«Un régime ni démocratique ni autoritaire»

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Russie. Marie Mendras, chercheuse, spécialiste de la Russie, analyse l’évolution politique du pays:
publié le 8 décembre 2003 à 2h14

Chercheuse au CNRS et au Ceri (Centre d’études et de recherches internationales), Marie Mendras, auteur de Comment fonctionne la Russie ? Le politique, le bureaucrate et l’oligarque (éd. Ceri/Autrement, 2003), analyse la nature du pouvoir russe et la position de Vladimir Poutine après trois ans et demi au Kremlin.

Peut-on dire que Vladimir Poutine a consolidé son pouvoir ?

Après ces législatives, le Président aura une Douma loyale, sans doute encore plus que la précédente. Il est assuré de sa réélection en mars. C'est un président qui peut demander au procureur de mettre sous les verrous un oligarque, en l'occurrence Mikhaïl Khodorkovski (l'ex-patron du groupe pétrolier Ioukos, ndlr). Il peut demander à l'armée de continuer à occuper la Tchétchénie. Il peut obtenir de son administration de préparer les élections à son avantage. Il a aussi renforcé le contrôle des médias, surtout télévisés. Pourtant, malgré ces faits peu réjouissants pour l'état de droit et la démocratie en Russie, la position de Poutine n'est pas si confortable.

Comment expliquez-vous ce paradoxe ?

Le système Poutine est un système de réseaux et de groupes d'intérêt, où deux types d'acteurs sont devenus très importants. Ce sont d'abord des acteurs économiques : les patrons des entreprises productrices de matières premières ­ pétrole, gaz naturel, bauxite, aluminium, or et même bois. Ils tiennent les ressources financières de l'Etat, qui vit à plus de 50 % des revenus des ventes de ces matières prem