Depuis quatorze ans, depuis les premières élèves voilées qui profitaient du droit à la liberté d'expression des collégiens et des lycéens reconnu par la loi Jospin de 1989, un dispositif a été mis en place par le Conseil d'Etat sur la tolérance à l'égard des signes religieux à condition qu'ils n'entraînent pas de trouble à l'ordre public, c'est-à-dire de remise en cause de l'enseignement. La circulaire Bayrou de 1994 a précisé le rejet de tout signe à caractère «ostentatoire». La décision a été laissée aux acteurs de terrain, proviseurs et enseignants, invités à faire du cas par cas. Cette procédure qui prévalait face à quelques cas est aujourd'hui débordée par plusieurs offensives intégristes, qui ont montré la fragilité des bases juridiques de la laïcité. Depuis quelques mois, ce débat est devenu controverse autour d'un texte s'imposant à tous et qui interdirait l'usage du voile dans l'espace de l'école, et plus largement dans les services publics.
Pour ou contre une loi : pour le coup, il s'agit d'un authentique débat, pas de ces simulacres qui sont censés donner un goût de société à des initiatives purement gouvernementales. Il oppose des pratiques, des témoignages, des points de vue, des préoccupations qui ont souvent beaucoup de pertinence. La demande de loi est venue des acteurs avant d'être relayée par le politique.
Le partage est difficile et les fractures ne sont pas traditionnelles. Mêmes les bastides de la laïcité pure et dure sont divisées tout comme les associati