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Libération
Éditorial

Garde-fous

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publié le 13 décembre 2003 à 2h18

«La laïcité ne peut pas tout», lit-on au détour d'un paragraphe du rapport Stasi. Allusion peut-être malicieuse à une phrase naguère reprochée à Lionel Jospin sur l'Etat et les licenciements, mais on attend au moins de l'une comme de l'autre que leur responsabilité propre soit assumée pleinement. Les «sages» n'esquivent ainsi aucun des défis auxquels la laïcité doit répondre pour maintenir ce «pacte républicain» qui n'est pas suffisant pour résoudre toutes les injustices, mais nécessaire pour préserver des valeurs communes. Que le fondamentalisme musulman soit venu en quelques années bousculer un statu quo que l'on croyait stabilisé entre le religieux et le séculier est d'autant moins contestable que la commission Stasi en dresse un constat implacable. Des garde-fous sont certes à dresser ­ ou à redresser ­ avec tous les moyens de la loi ou du règlement, pour empêcher qu'un activisme religieux, marginal aujourd'hui, ne vienne contrecarrer demain plus gravement les missions du service public et les principes d'égalité qui sont à la base de notre contrat collectif. Mais que les difficultés de l'heure soient moins le fait d'intégristes que d'une intégration en crise n'est pas moins contestable. Aborder cette question sous le prisme du religieux n'est pas la meilleure façon qui soit, même si les circonstances l'ont imposé. Ainsi, dans un souci légitime de ne pas paraître stigmatiser une religion, doit-on s'accommoder d'une redistribution des jours fériés renvoyant chacun à des a