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Analyse

La Constitution au tapis

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Toute négociation sur le système de vote à 25 s'est révélée impossible.
publié le 15 décembre 2003 à 2h19

Bruxelles (UE) envoyés spéciaux

Leszek Miller et José Maria Aznar rentrent chez eux en vainqueurs : «Nice ou la mort», avaient-ils proclamé. Ce sera donc Nice. La Constitution européenne est au tapis, l'Union est sonnée et en gardera sans doute de graves séquelles, mais qu'importe : ils n'ont rien négocié, rien cédé, rien concédé.

Panne de projet. En d'autres temps, le Premier ministre britannique, John Major, avait pu triompher à l'issue du sommet de Maastricht, en décembre 1991, en clamant : «Jeu, set et match !» Pourtant, il n'avait pas bloqué l'adoption du traité, mais simplement obtenu de ne pas être obligé de participer à la monnaie unique et d'être dispensé de ses dispositions sociales. Mais ses onze partenaires de l'époque avaient pu aller de l'avant. Cette fois, la situation est radicalement différente : le double veto de l'Espagne et de la Pologne stoppe net le processus d'intégration communautaire. C'est la première fois dans l'histoire de l'Union, vieille de plus de cinquante ans, que les Etats se séparent sur un tel constat d'échec. Jacques Chirac a beau affirmer qu'il «n'y a pas de drame ou de crise avec un grand C». C'est pire : l'Europe est en panne de projet. L'Europe des Vingt-Cinq fonce dans le vide, comme un personnage de dessin animé avant la chute fatale.

Chacun va essayer de passer le mistigri à son voisin. Mais la réalité est là, brutale, incontournable : ni Varsovie ni Madrid n'ont voulu réduire le pouvoir de blocage qu'ils ont acquis avec le traité de