Qu'elle le veuille ou non, la Pologne restera, aux côtés de l'Espagne, comme l'un des principaux facteurs de blocage au sommet de Bruxelles. Plutôt que de vouloir torpiller un quelconque projet européen, Varsovie a surtout cherché, de façon maladroite, à affirmer son nouveau statut de grand pays au sein de l'UE élargie tout en restant tributaire d'une situation politique intérieure des plus délicates.
Si vous interrogez un responsable politique polonais sur sa vision de l'Europe à venir, il sera généralement bien en peine de vous répondre. Toutes les énergies ont été consacrées ces dernières années aux négociations d'adhésion avec Bruxelles et à l'adaptation de la législation nationale à l'«acquis communautaire». Les débats de fond faut-il, par exemple, bâtir une «Europe puissance» ou se limiter à un grand marché commun ? commencent à peine à s'ébaucher. Pourtant, l'opinion comme les élites aspirent largement à cette Europe à laquelle elles ont été arrachées par les aléas de l'Histoire, et dont elles estiment avoir toujours fait partie.
Mais c'est un gouvernement extrêmement affaibli, secoué par les scandales de corruption et en butte à un mécontentement social (le chômage frôle les 20 %), qui préside à l'entrée de la Pologne dans l'Union. Le Premier ministre Leszek Miller vient ainsi de passer sous la barre des 10 % d'indice de popularité, un record historique dans l'après-communisme, où pourtant les gouvernements n'ont guère été épargnés. Face à une opposition revigorée