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Libération
Éditorial

Piteux spectacle

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publié le 15 décembre 2003 à 2h19

Trois ans tout juste après sa signature, le traité de Nice, si décrié depuis, va donc rester le viatique de l'Europe à 25 qui s'annonce. Alors même que ce sont ses erreurs de conception et ses lacunes qui ont poussé les membres de l'Union à imaginer une Constitution adaptée à sa nouvelle donne numérique, ce traité garde pour l'instant force de loi, faute de mieux. En cela, le bilan du sommet de Bruxelles est nul et inquiétant : non seulement l'entreprise constituante pilotée par Giscard d'Estaing capote du fait de l'obstruction de l'Espagne et de la Pologne, qui refusent de voir baisser leur nombre de voix au Conseil des ministres, mais il faut s'en tenir, pour faire fonctionner l'Europe élargie à partir de 2004, à la lettre d'un texte dont tous les observateurs ou presque s'accordent à reconnaître le caractère impraticable et sans grand avenir. Pas terrible comme cadeau de bienvenue aux nouveaux entrants dans l'Union. Ces chicaneries d'apothicaire hispano-polonaises, qui ont suffi à bloquer toute discussion, vont donner des arguments à tous ceux qui préconisaient l'approfondissement avant l'élargissement, c'est-à-dire la définition de règles claires de vie commune avant l'adhésion de nouveaux membres. Elles fourniront aussi, plus prosaïquement, des armes à tous ceux qui pensent que l'Union européenne, avec ou sans Constitution, est une usine à gaz dont le fonctionnement institutionnel est proprement incompréhensible. A quelques mois des élections européennes, le piteux spec