Les cinéastes du Pentagone, qui ont participé à la mise en scène de l'arrestation de Saddam, avaient pour mission de filmer un homme défait, ayant perdu sa liberté, ses moyens, son influence, pour que les preuves de sa déchéance soient mondialement connues.
La découverte stupéfiante qu'ils ont faite leur a facilité les choses : le dictateur sanglant n'était pas caché dans une fantasmatique ville souterraine, au milieu de stocks d'armes de destruction massive et de ses trésors, mais dans un terrier précaire, avec des billets américains en guise de vieux papiers. Le fantôme du dictateur n'était plus qu'un SDF se laissant manipuler par un médecin et un cameraman américains, comme un clodo, les nuits de grand gel, dans des dépôts caritatifs. Cette séquence était d'autant plus cruelle que cet homme hagard ressemblait plus à un vagabond qu'à un chef de guerre et son trou à une tombe qu'à un QG de résistance. Comme si Saddam en fuite, huit mois après, avait déjà un pied dans la tombe. La fuite de Saddam est aussi pathétique que la menace militaire qu'il pouvait représenter.
Mais, après plusieurs complots, d'innombrables massacres et trois guerres, Saddam a confirmé qu'il n'était pas du genre suicidaire. Cette fois, il s'est tout simplement rendu, préférant l'humiliation du spot publicitaire américain, en attendant la tribune de son procès, à la mort des personnages de légende.
Et pourtant cette arrestation du dictateur change la donne. La chute des tyrans n'est jamais un acte neutre n