Le Caire de notre correspondante
Humiliation. Le mot revient sans cesse dans la bouche des Egyptiens, vissés devant les écrans où défilent depuis dimanche les images d'un Saddam Hussein hirsute, aux yeux morts, impavide alors qu'on lui inspecte la bouche. «Je détestais ce tyran, mais maintenant, les Américains ont réussi à me le faire prendre en pitié !», enrage un badaud planté devant la télévision d'un café du Caire. Embarrassé, le patron de l'établissement cherche ses mots. «Ce qu'il a fait, en tuant les gens, c'est haram (un péché, ndlr). Mais le montrer comme ça, ce n'est pas bien. C'est quand même un chef d'Etat !»
Amérique honnie. Incrédule, le monde arabe a assisté à la mise à mort médiatique de celui qu'il vénérait comme le symbole de la résistance face à l'Amérique honnie. «C'est un salaud, reconnaît Choukri, médecin aisé et occidentalisé. Mais il a malgré tout incarné l'honneur arabe. En le montrant aussi sale, aussi résigné, les Etats-Unis ont voulu envoyer à tous les Arabes un message de mépris : "Regardez votre héros, regardez le lion de Bagdad, c'est ce clochard minable."» Choukri d'ailleurs en est certain : si c'est bien le vrai Saddam qui a été arrêté à Tikrit «Et qu'est ce qui nous prouve que les Américains ne mentent pas ?» persifle-t-il , «il a conclu un marché avec Washington pour donner des informations et faire tomber d'autres dirigeants arabes». «Pourquoi ne s'est-il pas suicidé avec du cyanure ?», se demandent les Cairotes d'un air entendu.
Pour le r