«La laïcité, c'est avant tout la neutralité, lance un homme du fond de la salle de conférence. C'est fournir des éléments de réflexion, sans forcément chercher des explications. Ce qu'il faut prouver à nos élèves, c'est qu'on peut ne pas avoir de religion sans pour autant être un voleur ou un méchant.» Une femme assise au premier rang : «Mais vous n'êtes pas d'origine algérienne comme moi. Dès que le ramadan commence, c'est la torture. Mes élèves me demandent si je fais le jeûne. Ils sont choqués quand je leur dis que je n'ai pas de religion. L'autre jour, j'ai demandé à l'un d'entre eux : "Pourquoi tu te mêles de ma vie ?" Il m'a répondu : "Mon devoir, c'est de vous ramener dans le droit chemin." Qu'est-ce que vous voulez répondre à ça ?»
«Profs désarmés». Comme une dizaine d'autres profs de lettres-histoire en lycée professionnel, ces deux enseignants sont venus à l'Institut du monde arabe (IMA), à Paris, assister à la conférence du jour : «Enseigner le fait islamique à l'école.» A les entendre, ils ont tenté d'aborder le sujet «par tous les côtés», «des centaines de fois», en classe, en salle des profs avec leurs collègues, parfois même avec des parents d'élèves. Et toujours le même constat : «C'est devenu impossible d'enseigner le fait religieux en tant que fait culturel. Certains élèves ne veulent pas entendre parler d'une autre religion que la leur. Ils refusent certaines vérités historiques. On est en plein retour à l'obscurantisme !», avance l'un d'eux. Voilà dix ans