Tout aussi inexorablement que l'eau modèle le paysage, la marée numérique modifie notre société. Les ordinateurs portables deviennent des produits aussi grand public que le lave-linge ou le four à micro-ondes. Rien de plus naturel : ils sont de plus en plus légers et compacts, de plus en plus performants et de moins en moins chers. Et, surtout, de plus en plus faciles à utiliser, et de plus en plus utiles, en raison d'une double révolution.
Le sans-fil (wi-fi) et le haut débit (ADSL) transforment chaque portable en écran mobile sur lequel on peut à la fois jouer, regarder des films et bientôt la télé, classer son album de photos, écouter de la musique (téléchargée), échanger des messages, des images ou des sons, consulter des catalogues et faire ses achats, et, par-dessus le marché, travailler. Le tout sans cesser de se déplacer.
Une nouvelle ère de communication totale et permanente commence. Elle fait de nous des nomades communiquant, mutants qui évoluent dans un monde où les rythmes et les limites physiques qui séparent encore travail et loisir, domicile et lieu public, tendent à s'effacer, en même temps qu'un lien peut être créé, à tout moment et en tout lieu, avec tout autre où qu'il soit, pourvu qu'il soit lui aussi connecté au réseau...
On sait déjà que ce nouveau monde est aussi riche de promesses de liberté individuelle et d'échanges que lourd de menaces de perte des libertés et de sociabilité. Pouvoir communiquer en tout lieu implique de pouvoir être observé à tout mo