Depuis que Nicolas Sarkozy est, de son propre aveu, moins «naïf» sur la Corse, il semble que certains aient du mouron judiciaire à se faire sur l'île. Tant mieux si l'Etat de droit s'en trouve réhabilité. Mais comment ne pas être saisi d'un frisson rétrospectif. On n'a pas attendu en Corse, et ailleurs, de connaître l'issue du processus de réforme institutionnelle lancé sous Jospin et plombé sous Raffarin pour savoir que le ver mafieux était dans le fruit et qu'il lorgnait avec avidité des institutions locales affranchies de certains contrôles de l'Etat.
Que le ministre de l'Intérieur, au sortir du référendum raté sur ce nouveau statut, ait proclamé l'urgence de s'attaquer désormais sans faiblesse aux tiroirs-caisses des profiteurs de l'ombre, nationalistes dévoyés ou gangsters avérés, amène quand même à se demander pourquoi on n'a pas commencé par là. Certaines inquiétudes suscitées par la perspective d'un statut autonome de l'île auraient été alors levées à temps, et des bouches se seraient ouvertes plus tôt, rendant possible le travail de la police et de la justice. On pourchasse difficilement le crime, et notamment le racket, avec des victimes muettes. Peu s'étaient aventurés jusque-là à témoigner, car c'était mettre sa vie en jeu ou ses investissements en péril : l'omerta est moins affaire de «tradition» que de prudence. Mais si ce carcan devait se desserrer et l'exemple doit être donné en l'espèce par les puissants pour donner du courage aux humbles , alors c'est la