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Libération

Quand le portable du bureau devient un cadeau empoisonné

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Répondre à un mail urgent, rattraper le retard de la semaine : l'outil de travail mobile peut se transformer en piège pour le salarié.
publié le 20 décembre 2003 à 2h25

C'est devenu un rituel. Magnanime, le PDG offre l'ordinateur portable ultrasophistiqué au cadre qui se rengorge. «Dans certaines entreprises, les remises de portables évoquent les cérémonies d'initiation africaines : "Maintenant tu es des nôtres"», s'amuse le professeur de droit Jean-Emmanuel Ray (1). Au bureau, le PC sans fil se substitue peu à peu à la bécane envahissante et intransportable. Les ventes d'ordinateurs portables professionnels ont explosé : 410 000 unités vendues au troisième trimestre 2003, 70 % de mieux qu'en 2002. Avec la chute des prix, ce qui concernait avant tout le secteur informatique et les grandes entreprises gagne jusqu'aux PME. «Quand les collaborateurs circulent beaucoup, à l'intérieur de l'entreprise comme au-dehors, toutes les ressources doivent rester disponibles», explique Naji Najjar, directeur mobile e-business pour l'Europe de l'Ouest chez IBM.

Equilibre. Mais le portable est aussi le faux ami qui fait travailler chez soi comme au bureau. IBM l'a bien compris, qui offre à la plupart de ses cadres de direction un abonnement ADSL à domicile pour se connecter à l'entreprise à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. «Il s'agit de faciliter l'équilibre entre vie privée et vie au travail, estime Naji Najjar. Cette semaine, j'ai dû attendre un électricien... J'ai pu rester chez moi sans prendre de retard dans mes dossiers.» Plus souvent, le portable professionnel à la maison, c'est le mail «URGENT», reçu à 23 heures à propos de ce fameux dos