Menu
Libération

Attachées au voile et sous bonne garde

Article réservé aux abonnés
Encadrées par un service d'ordre masculin, environ 3000 femmes ont manifesté hier à Paris contre l'interdiction du foulard à l'école.
publié le 22 décembre 2003 à 2h25

Les hommes portent des brassards «sécurité». Ils encadrent des filles et des femmes voilées qui descendent d'autocars, en provenance de Lille, de Tourcoing. A la moindre approche, ces hommes s'interposent : «Ma soeur, ne parle pas aux journalistes. Ils déforment tout.» Elles étaient plusieurs milliers hier place de la République à Paris, 3 000, selon la police. Elles ont répondu, disent-elles, aux appels lancés sur l'Internet par deux jeunes filles de Seine-Saint-Denis, appels relayés par plusieurs sites musulmans, dont saphirnet. info et oumma.com

Tricolore. Sous la pluie, des femmes entonnent la Marseillaise, en brandissant leurs cartes d'identité française et celles d'électeur. Elles agitent des drapeaux français. Beaucoup ont superposé des foulards bleu, blanc et rouge. «Les gens croient qu'on est soumises aux hommes. Mais c'est faux, on n'est soumises qu'à Dieu !», explique une étudiante. D'autres scandent : «Ni frères, ni pères, ni maris, le foulard on l'a choisi.» N'empêche, les «frères» sont là, en nombre. Qui surveillent ce que racontent les «soeurs» et lisent par-dessus l'épaule des journalistes ce qu'ils écrivent sur leurs carnets. Sentiment oppressant. Les membres du service d'ordre circulent dans les rangs des manifestants. Certaines contournent l'interdit : «Cette loi va créer un apartheid et renforcer le communautarisme, c'est tout ce que la France va y gagner», soutient Asna, étudiante en licence de logistique à Evry. «Qu'on nous accepte telles qu'on est, dit