Jusqu'à l'âge de 21 ans, si on lui demandait pourquoi elle portait le voile, elle répondait «pour la religion». Le 27 février 1996, le lendemain de l'Aïd, après une raclée paternelle de trop une histoire de peigne retrouvé dans son cartable , elle s'est enfuie de chez elle. Ce jour-là, elle a retiré l'épais foulard qui cachait ses cheveux, son cou, ses oreilles depuis l'âge de 5 ans et ne l'a plus jamais remis. Nesli, 29 ans, née en Turquie, arrivée en France à l'âge de 5 ans, a déposé plainte contre son père. Il a été condamné, en 1997, à six mois de prison avec sursis par un tribunal de l'ouest de l'Hexagone. Cette jeune femme aux cheveux désormais longs, si longs et libres, ne l'a jamais revu.
«Pour la bonne cause». Dans le café où elle raconte son histoire, elle sursaute chaque fois que passe une femme couverte. Elle doit au voile quatre années de réclusion dans le pavillon familial, quatre années de scolarité perdue. La proviseure du lycée qu'elle devait intégrer n'a pas voulu d'elle : l'établissement était déjà en procès devant le tribunal administratif avec le père, à cause de sa soeur aînée, qui «refusait» de retirer son foulard. Nesli a été inscrite au Cned (cours par correspondance), elle a abandonné au bout de quelques mois, a passé les trois années suivantes à faire le ménage et la cuisine chez elle. En 1994, après avoir obtenu gain de cause devant le Conseil d'Etat, son père la fait admettre dans ce même lycée, en seconde, et voilée. «Papa, qui voulait avant t