La vengeance est un hamburger qui se mange froid. Les Etats-Unis, qui avaient laissé planer une menace de rétorsion contre la politique française en Irak, ont repris un discours d'une plus banale innocuité. Mais leur patte se fait sentir derrière les déconvenues de la diplomatie française, tant à propos du très gros programme de recherche scientifique Iter que des négociations secrètes qui ont amené le dictateur libyen à résipiscence. Au même moment, les Français sont en délicatesse avec l'Union européenne après qu'ils ont envoyé valser le pacte de stabilité, et ils ne peuvent que constater, avec l'impasse constitutionnelle, les limites nouvelles de leur influence dans le continent. Si une glorieuse solitude est le prix de la grandeur, nul doute que la France ne vive de hautes heures de son histoire.
Pourtant, on a connu Dominique de Villepin plus flambard. La manière toute d'urbanité souriante avec laquelle il a accueilli l'accord américano-anglo-libyen vient rappeler à quel point les dirigeants français ont réduit la voilure depuis le printemps. L'art d'avaler des couleuvres avec élégance fait partie des usages diplomatiques, ce dont témoigne aussi la manière dont la France a effacé voici peu la dette irakienne, en bel accord avec Washington. Qu'on est loin des trémolos sur les fameuses politiques arabe ou africaine de la France !
Pendant que Villepin écope, Chirac fait la gueule, s'occupe du voile ou se tait. On dit que le présent gouvernement lui porte sur les nerfs, et on