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Libération
Interview

«L'émission n'est qu'un produit dérivé de ses produits dérivés»

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Jouets: Serge Tisseron, psychanalyste et auteur d'ouvrages sur l'image :
publié le 23 décembre 2003 à 2h26
(mis à jour le 23 décembre 2003 à 2h26)

Psychiatre d'enfants, psychanalyste, Serge Tisseron s'intéresse à l'image. Dont l'image télévisée qu'il a analysée dans les Bienfaits des images, publié en 2001 chez Ramsay, mais aussi dans l'Intimité surexposée, un essai sur le Loft publié en 2002 chez Odile Jacob.

Cet engouement pour Star Ac est-il un phénomène nouveau ?

Oui et non. Il n'est pas nouveau dans la mesure où l'engouement pour des stars de la musique ne l'est pas. Et cette exaltation-là tourne autour de la musique. C'est donc un phénomène que l'on retrouve, qui avec Johnny, qui avec Elvis... à chaque génération. La nouveauté est peut-être que cela touche un public plus jeune que la «cible» visée par TF1. La préadolescence. Un âge où l'on revit des inquiétudes de la petite enfance, celle d'avant le langage. Le garçon ou la fillette se paient le luxe d'un petit retour à ce stade, et ce par la musique, qui a précédé le langage. L'autre nouveauté est qu'on ne nous présente pas une star à admirer mais une star à imiter. Une star qui s'est petit à petit découverte telle à l'écran. Sur l'air de : «Parce que je le vaux bien !»

On est encore dans le conte de fées ?

Pas du tout. Le conte de fées parle à l'inconscient. Il y a un contenu manifeste et un contenu latent. Or, à Star Ac, on ne parle qu'au désir conscient. Le contenu est manifeste.

Lequel ?

Il faut distinguer bien sûr les intentions, mercantiles, des producteurs, et l'usage qu'en font les jeunes téléspectateurs. C'es