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Libération

En Turquie. Le dogme laïc sort renforcé.

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publié le 24 décembre 2003 à 2h27

Le projet de loi français fait depuis plusieurs jours la une des médias de Turquie, où la question du «turban» (le voile) est redevenue un enjeu politique sensible depuis l'écrasante victoire électorale en novembre 2002 de l'AKP, parti issu du mouvement islamiste. Le camp laïque qui se réfère aux valeurs de la République créée sur le modèle jacobin par Mustafa Kemal ne cache pas sa satisfaction. «Que s'est-il donc passé pour que la France esquive l'âme des critères de Copenhague (sur les droits de l'homme dans l'UE, ndlr) pour se raccrocher aux principes de 1789 et dire non au voile ?», se félicite Ilhan Selcuk dans le quotidien de gauche Cumhurriyet, en soulignant que la raison de «la panique française», pays où les musulmans représentent moins de 5 millions de personnes, est «la sensibilité à la démocratie». A l'opposé, les éditorialistes de la presse islamique se lamentent, comme Resul Tosun dans Yeni Safak, que la Turquie «ait malheureusement adopté le modèle français de laïcité».

Il y a un mois, les célébrations du 80e anniversaire de la République avaient été marquées par un affrontement ouvert entre le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan et les tenants d'un courant laïque autoritaire dans lequel on retrouve l'opposition de gauche, l'armée gardienne de l'orthodoxie kémaliste et le chef de l'Etat, Ahmet Necedet Sezer. Ce dernier s'était refusé à inviter à la réception officielle les épouses «voilées» des ministres, provoquant un scandale sans précédent. Le Président a p