La prise de position de Jacques Chirac en faveur d'une loi proscrivant «le port de tenues ou de signes qui manifestent ostensiblement l'appartenance religieuse» voile islamique, kippa ou «croix manifestement de dimension excessive» , dans les écoles, les collèges et les lycées, n'en finit pas de faire des vagues. En France, mais également dans le monde, et notamment dans les pays arabes où le gouvernement français s'était pourtant acquis un immense capital de sympathie pour s'être opposé à la guerre en Irak (lire page 6). John Hanford, le responsable du dossier de la liberté religieuse au département d'Etat américain, a annoncé que son pays allait «suivre cela attentivement», redoutant à mots couverts que ces mesures empiètent sur la liberté de religion. Au sein même de l'Union européenne, la position française fait figure d'exception. Le chancelier allemand Gerhard Schröder s'est prononcé en faveur de l'interdiction du port du voile islamique pour les fonctionnaires, y compris les enseignantes, mais pas pour les élèves... En Grande-Bretagne, ce débat sur la laïcité paraît totalement abscons. Et si le Danemark compte durcir sa position sur le voile, seule l'extrême droite populiste appelle au vote d'une loi. A l'origine de cette incompréhension : la laïcité à la française, système de séparation des Eglises et de l'Etat, unique en son genre. Avec le Mexique et la Turquie, la France est en effet le pays qui a poussé le plus loin l'émancipation réciproque du politique et du
La loi ouvre un monde d'incompréhension
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publié le 24 décembre 2003 à 2h27
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