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Libération
Interview

«Les progrès sont réels, mais trop lents»

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publié le 24 décembre 2003 à 2h26

Dominique Martin est directeur général de l'Oniam (Office national d'indemnisation des accidents médicaux). Créé pour organiser et indemniser les accidents médicaux (dont les infections nosocomiales), cet organisme est né avec la loi Kouchner du 4 mars 2002, dite loi des droits des malades (lire encadré page 2).

On parle de plus de plus d'infections nosocomiales. Est-ce à dire que la situation empire ?

Sur les infections contractées à l'hôpital, toutes les enquêtes indiquent des progrès réels. Mais il y a une déconnexion entre cette réalité épidémiologique et la perception que l'on en a. Néanmoins, avec ce constat, la situation ne s'améliore pas aussi vite qu'on pouvait l'espérer.

Dispose-t-on des données fiables ?

Oui, mais elles sont délicates à utiliser. Schématiquement, on estime qu'il y a entre 700 000 et 800 000 infections nosocomiales chaque année en France. Mais ces chiffres, a priori ahurissants, mélangent tout, aussi bien de simples plaies dermatologiques que des septicémies gravissimes. Ensuite, extrapolant à partir de données américaines, on a évoqué le nombre de 10 000 morts par an, non pas d'infections nosocomiales, mais de décès avec des infections nosocomiales. Une étude récente du CClin-Nord (Centre de coordination de lutte contre les infections nosocomiales) avance plutôt le chiffre de 4 000 personnes qui seraient mortes d'infection nosocomiale. 4 000 décès prématurés. Rien ne nous dit que ce chiffre augmente ; mais cela reste scandaleux d'arriver à l'hôpital e