Menu
Libération
Éditorial

Keep cool

Article réservé aux abonnés
publié le 25 décembre 2003 à 2h27

En sautant l'Atlantique, la maladie de la vache folle fera aux Etats-Unis des dégâts économiques sans doute plus que sanitaires, auxquels s'ajoute une blessure d'amour-propre. Car les épisodes européens de l'épizootie avaient donné lieu à quelques sous-entendus sur les miasmes du Vieux Continent auxquels échapperait par décret presque divin son immense et sain rejeton américain. Dans la grande prairie aussi les vaches en paissant s'empoisonnent, alors que le pastoralisme extensif semblait faire un rempart suffisant à la virginité yankee.

Les citoyens américains ne devraient pas pour autant exagérer les dangers qui les menacent. Certes, dans ce grand pays qui redoute plus encore les microbes qu'Oussama ben Laden, une seule vache malade peut enclencher beaucoup de catastrophes. Les sociétés contemporaines ont développé une sorte d'hypocondrie de masse et, dans ce domaine comme en bien d'autres, les Américains sont à l'avant-garde. Mais ils devraient s'en méfier. On sait comptabiliser les victimes d'une épidémie. Il reste beaucoup plus difficile d'évaluer les ravages provoqués par la surréaction paniquarde d'une opinion incomplètement informée et donc inutilement alarmée. En Europe, la vache folle a aussi tué, par suicide, quelques fermiers ruinés. Une approche plus sobre de l'ESB et de ses conséquences aurait sans doute pu en éviter certains.

Après Noël, on pourra mesurer la réaction des consommateurs américains. D'innombrables économètres la guettent déjà, calculette en main. L