Jean-Pierre Bibring, professeur à l'université d'Orsay, dirige l'équipe scientifique de la caméra Omega emportée par la sonde Mars Express, qui doit dresser une carte minéralogique de la surface de la planète.
La conquête de Mars fait rêver les ingénieurs ou les astronautes, mais quelles motivations pour l'astrophysicien ?
Plus l'on observe les planètes telluriques Vénus, la Terre, Mars, la Lune et plus on s'interroge. D'où viennent leurs figures si particulières ? Comment expliquer l'incroyable spécificité de la Terre, où la vie s'est révélée une puissante force d'évolution géologique ? Elles se sont formées à peu près avec les mêmes matériaux, au même moment, autour du même Soleil. Pourtant, 4,5 milliards d'années après, leur dissemblance étonne, fruit d'une histoire singulière. Mars permet d'explorer cette histoire, et donc de mieux comprendre, par écho scientifique, celle de la Terre.
Etes-vous sceptique face au discours de la Nasa qui va sur Mars chercher la vie ?
La recherche de vie sur Mars (fossile ou actuelle) ne signifie pas qu'une non-détection serait un échec. Démontrer l'unicité des processus terrestres ayant permis la vie se révélerait tout aussi lourd de réflexions. Et si la vie se révélait une extraordinaire spécificité de la Terre, liée par exemple à sa stabilisation par la Lune limitant les changements climatiques que provoquerait une bascule de son axe de rotation ? En outre, les cent premiers systèmes solaires sur lesquels nous disposons d'informations, e