Convoquer la folie à la barre d'un tribunal, voilà une bien plaisante idée. Mais Perben n'étant pas Erasme, si jamais on rit, ce sera d'un rire jaune. Car son projet d'amener à comparaître des accusés garantis fous à lier est aussi inutile qu'indécent. Il ne pourra que conforter la dérive spectaculaire de la justice, sans améliorer le moins du monde son fonctionnement.
La réforme est inutile parce qu'elle ne concerne qu'un nombre infime de cas moins de une pour mille des affaires criminelles qui ne présentent pas de problèmes juridiques urgents. Le recours à l'article 122-1 du code pénal s'est drastiquement restreint au fil des ans et son usage ne concerne que les pathologies mentales les plus lourdes. Désormais, ces malades seront traînés en audience publique. Mais comment peut-on prétendre «juger» quelqu'un dont on sait qu'à l'issue de son «procès», il regagnera le service hospitalier d'où on l'aura extrait ?
La réforme sera non moins indécente si elle amène, au nom du respect légitime dû aux souffrances des victimes et de leurs proches, à instrumentaliser un grand malade dans une sorte de mise en scène cathartique, à l'issue connue d'avance. S'il est une notion psychanalytique tombée dans le domaine public, c'est bien celle de «travail de deuil», qui est devenue assez passe-partout pour justifier n'importe quoi et son contraire. On voit d'ailleurs mal quel bienfait quelqu'un pourrait attendre, après un drame, de sa confrontation dans une salle d'audience avec un grand d