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Libération
Interview

«Une simagrée assassine pour l'auteur du crime»

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publié le 26 décembre 2003 à 2h28

Cyrille Canetti, 39 ans, est médecin psychiatre au service médico-psychologique régional (SMPR) de la prison de Fleury-Mérogis (Essonne), où il est chargé du centre des jeunes détenus.

Que pensez-vous de faire comparaître en audience publique les personnes déclarées irresponsables ?

Cela n'a aucun sens. C'est comme si l'on faisait un procès à un automobiliste victime d'une rupture d'anévrisme, parce qu'il a fait un mort en percutant la voiture d'en face. Un schizophrène qui entend le diable lui ordonner de tuer quelqu'un n'a pas plus la volonté de nuire que la victime d'une rupture d'anévrisme. Un schizophrène est malade, ce n'est pas sa faute, il est irresponsable. Le faire comparaître, c'est lui faire jouer le rôle du responsable lors d'un procès, c'est faire figurer un coupable factice. Une sorte de simagrée assassine pour l'auteur du crime et grotesque pour la victime. Un peu comme si on mettait le cercueil de Richard Durn (auteur d'une tuerie lors d'un conseil municipal à Nanterre en mars 2002 et suicidé peu après, ndlr) dans le box des accusés, alors que les poursuites s'arrêtent après la mort de l'auteur d'un crime. Plutôt qu'un faux procès, on pourrait organiser une sorte de cérémonie officielle pour les victimes, qui leur permettrait de comprendre ce qui s'est passé. Sans la présence de l'auteur des faits.

Même si un procès permettait de répondre à la détresse des victimes ou de leur famille ?

Oui, parce que la justice n'a pas pour fonction de soigner les victimes. Et q