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Libération
Éditorial

Fantômes

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publié le 30 décembre 2003 à 2h30

C'est un message sous la forme de séquelle de film d'horreur que les Serbes ont envoyé au reste du monde, et à l'Union européenne en particulier : Milosevic, le retour. Ce mauvais scénario ressuscite par la magie des urnes Milosevic et Seselj, deux fantômes qu'on croyait disparus depuis qu'ils avaient été arrêtés et traînés devant le tribunal de La Haye pour y répondre de leurs méfaits ­ crimes de guerre, contre l'humanité et génocide... Les revoilà, parés de l'aura conférée aux représentants du peuple, purement théorique certes (on ne verra heureusement pas siéger ces épouvantails au Parlement de Belgrade).

Si les dictateurs peuvent accéder au pouvoir et s'y maintenir, c'est, il est vrai, souvent parce que leur peuple, ou une fraction significative de celui-ci (plus du tiers dans le cas serbe), s'accommode, profite, voire aspire à leur dictature, surtout quand celle-ci s'enveloppe dans les oripeaux du drapeau national et de la xénophobie populiste. Des élections libres peuvent ramener au pouvoir les ennemis de la liberté et les fauteurs de guerre. C'est la règle du jeu démocratique. A quand Saddam Hussein élu au Parlement d'un Irak libre et démocratique ?

Le succès de leurs partisans montre que le virus nationaliste virulent, cultivé vingt années durant par Milosevic et ses alliés, a durablement infecté plus du tiers de leurs concitoyens. Il sera d'évidence bien plus dur d'éradiquer ce mal-là qu'il l'avait été de vaincre leur armée et de renverser leur régime pour briser leur