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Libération
Éditorial

Obtempérer

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publié le 30 décembre 2003 à 2h30

Des policiers armés à bord des avions de ligne... Cette exigence des autorités américaines ne vise apparemment pas à rassurer comme le font tant d'autres déploiements ostensibles de forces de sécurité. Il s'agirait bel et bien d'avoir de vrais flics avec de vrais flingues pour dégainer contre de vrais terroristes. Les compagnies aériennes ont trop de savoir-vivre pour se plaindre publiquement d'une telle mesure, qu'elles disaient désapprouver il n'y a pas longtemps. De toute façon, si elles veulent continuer à desservir les Etats-Unis, elles n'ont le choix que d'obtempérer. Mais les syndicats de pilotes, moins gênés aux entournures, trouvent toujours que ces armes à feu n'ont rien à faire en cabine.

Au-delà d'une querelle de techniciens, l'introduction de gardes armés sur certains vols montre que l'antiterrorisme tend à devenir une norme internationale sur laquelle un nombre toujours croissant d'activités est prié de s'aligner sans discuter. L'exception devient routine. Les services secrets, qui oeuvraient traditionnellement aux marges de la société, s'invitent dans la vie quotidienne la plus banale, sans pour autant cesser d'être secrets et donc sans motiver leurs gestes. Parce qu'il est insaisissable, l'ennemi devient omniprésent : lui ou son ombre, c'est tout un pour les besoins de la sécurité, même si cela revient à traiter chacun comme un suspect virtuel.

Les compagnies aériennes commençaient seulement à souffler après le trou d'air qui a suivi le 11 septembre et la paran