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Analyse

Bayrou flotte faute d'ancrage

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Il est plus l'émanation d'une droite de notables que d'un électorat homogène.
publié le 24 mars 2004 à 23h54

Depuis plusieurs mois, le spectacle était à droite. Bayrou multipliait les accrochages avec le gouvernement. Il était devenu l'Astérix de la droite dans un pays où l'on s'enflamme facilement pour celui qui s'oppose à la lourde majorité, mais où on le rend rarement victorieux. La chute s'est donc produite dans les urnes, logiquement. Bayrou a-t-il mal manoeuvré ? A-t-il été trahi ? La vérité que révèlent les cartes est plus simple et plus terrible : Bayrou n'a pas d'ancrage sociologique. Lui et les siens sont l'émanation de coteries et de clubs des cadres dirigeants de la droite. Leurs conflits, leurs positions, leurs débats sont comme ceux de la cour de Louis XIV que décrit Norbert Elias, une cour coupée du pays réel qui demeure largement indifférent à ses jeux.

Effectivement, le rapport des voix de Bayrou dimanche à son score de 2002 (avec celui de Corinne Lepage) montre un grand désordre géographique. Dans certains cas, à l'est, Bayrou fait moins qu'il y a deux ans ; dans d'autres, à l'ouest du Bassin parisien et au sud, il augmente son ancien score de plus de 50 %. A l'intérieur même des régions, au contraire de ce qu'on a observé pour la progression de la gauche, c'est la présence des seigneurs locaux en leurs fiefs qui explique les résultats : bons à Dijon où se trouve Sauvadet, mais mauvais à Vannes où Josselin de Rohan impose sa loi. Parfois, la répartition confine à la farce : ainsi dans les deux départements de l'ancienne province du Maine, l'UDF domine la Mayenne gr