On attendait beaucoup de l'alliance du «postier et de la timbrée», comme les avait méchamment surnommés Dominique Strauss-Kahn. Une élection sans enjeux réels importants, le sentiment que tous les courants politiques de quelque volume doivent pouvoir trouver une place en France, la dynamique d'un excellent score aux présidentielles de 2002, et l'attelage plutôt sympathique d'une vieille briscarde avec un jeune enthousiaste en colère, tout paraissait réuni pour une progression de l'extrême gauche. Las, le soufflé s'est dégonflé avant même d'arriver dans l'isoloir.
L'alliance trotskiste fait preuve d'une stabilité encore supérieure à celle de l'extrême droite si l'on compare son score à celui de la précédente élection régionale. Le très léger gain en pourcentage national s'explique par la présence de listes partout (sauf en Corse) tandis qu'elles manquaient dans 21 départements en 1998. Les changements locaux sont assez limités et s'inscrivent presque tous dans une normalisation du vote de l'extrême gauche. On voit que les progrès se produisent surtout dans les départements du Centre et du Sud, où les trotskistes étaient moins bien implantés, tandis qu'au Nord-Est une légère décroissance s'amorce. Un tel mouvement signifie que le vote s'étale de plus en plus régulièrement sur le territoire sans montrer d'aspérités qui seraient aussi la preuve d'un ancrage historique et sociologique qui reste peut-être limité, passé des caractéristiques très générales telles que l'anticapitalism