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Analyse

Les géographies d'une sanction

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publié le 24 mars 2004 à 23h54

C'était acquis. Le gouvernement Raffarin allait être sanctionné par les électeurs de dimanche dernier. Mais comment ? Beaucoup craignaient la méthode la plus dure, l'abstention par laquelle un système démocratique est globalement condamné ­ l'Iran en a récemment donné l'exemple. D'autres pensaient que la défiance se manifesterait à l'égard de tous les partis de gouvernement, gauche et droite confondues, par un vote en faveur des extrêmes, frontistes ou trotskistes, soit une réédition du premier tour de la présidentielle de 2002. Restait un troisième moyen, le plus civilisé et le plus démocratique : voter pour l'opposition. C'est celui que les Français ont choisi.

Les Français n'ont pas seulement rappelé leur maturité politique, ils ont pris soin de montrer en même temps qu'ils récusaient les deux premières méthodes. Ils ont été, en effet, plus nombreux à se rendre aux urnes qu'aux précédentes élections régionales, il y a six ans, et ils n'ont pratiquement pas modifié leur attitude envers les extrêmes. Comme si ceux-ci faisaient désormais partie du paysage, sans grand dynamisme, et donc sans grand espoir, à la manière de graffitis vengeurs apposés sur les monuments publics, qui demeurent longtemps avant d'être effacés par le temps ou les services de voirie.

Abstention : la France coupée en deux

37,6 % des électeurs inscrits ne se sont pas déplacés, ce qui est beaucoup en théorie, mais peu pour des élections dont l'intérêt était mis en doute. D'habitude, les ruraux votent plus qu