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Libération

Un mémorial à visage humain

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Inauguré aujourd'hui à Kigali, il est inspiré de celui de Jérusalem.
publié le 7 avril 2004 à 0h08

Kigali, de notre correspondant.

Un génocide peut-il avoir un «visage humain» ? Difficile à croire au Rwanda, où les seules reliques des massacres de 1994 étaient, pour l'instant, des ossements entassés anonymement par milliers dans les différents lieux de mémoire. C'est pourtant le pari de James et Stephen Smith, deux frères anglais qui, à la tête de l'organisation Aegis Trust, ont entrepris de transformer radicalement le mémorial de Kigali, inauguré officiellement aujourd'hui.

Noms et photos. Ça n'a pas été facile. «Les rescapés insistent pour qu'une partie des ossements soient exposés, bien en vue. Ils craignent qu'en enterrant les cadavres, on oublie le génocide, explique James Smith, dans l'une des principales pièces du mémorial, logé sur la colline de Gisozi. Mais il fallait donner un visage aux victimes, rappeler que ce n'est pas "un million de personnes" qui sont mortes au Rwanda, mais plutôt des individus, des hommes, des femmes et des enfants.» Cette salle est le fruit du compromis trouvé par Aegis. Les restes humains y sont exposés sous des vitres teintées. Dans une lumière tamisée, une voix énonce, en fond sonore, des noms de victimes de 1994 ; au-dessus des vitrines, des photos de victimes sont affichées. Les frères Smith se sont inspirés d'une visite au mémorial de Yad Vashem, à Jérusalem. C'est là qu'ils ont ressenti le besoin de cultiver la mémoire du «crime des crimes». Un mémorial de l'Holocauste a été réalisé par Aegis en Angleterre. Des dirigeants rwandais l